ne soit peut-?tre pas aussi dangereux que sente. Donc, nous mangeons du lard sotis
les Erables, il est fameux dans l'histoire la protection de saint Antointe dont l'i-
des voyageurs. Que de malheureux ses mage orne la salle ? diner. Vous savez
ondes mugissantes ont enfouis ! Que de que les sauvages avaient baptls? les an-
deuils elles ont caus?s ! Que de larmes ociens voyageurs les manlgeurs de lard. Et
elles ont fait verser ! Madame Bona. ces mangeurs de lardavaient robuste cons-
parte Wyse qui p?n?tra l'an dernier titution et vivaient longtemps. Mar-
dans cette r?gion, se risqua ? le descen- chons sur leurs traces si nous voulons te-
dre avec ses enfants qui, quoique tr?s jeu- nir le secret d'une longue vieillesse.
nes, paraissaient inaccessibles ? la peur. Au dessert, Mgr Duhamel nous a cont?
Elle avait pour pilote le r?v?rend P?re une anecdote qui pourra int?resser les
Poitras, et elle s'en trouva bien. Le bon amateurs de p?che.
P?re manie l'aviron comme pas un et ne -Un jour, dit-il, que je faisais ma
fit pas mentir sa r?putation. L'intr?pide visite pastorale sur les bords de la
voyageuse en fut quitte pour un demi rivi?re D?sert, je profitai de quelques
bain. Mais quel sujet de conversation heures qui me restaient pour faire un peu
pour les salons de Paris ! .de p?che. On mnavait vant? l'endroit
Gr?ce ? la compagnie du chemin de fer comme tr?s, poissontneux. La curiosit?
du T?miskaming, toutes ces fatigues, avait attir? beaucoup de gens sur le
tous ces dangers sont supprim?s. - Le rivage. Je tends ma ligntie et peu apr?s je
long de chaque rapide elle a b?ti des sens un rude coup. Voil? q)uelque gros
tramways qui, train?s chacun par un che- poisson, me dis-je. Je tire ma ligne assez
val, r?ussissent ? transporter tous les ba- difficilement et avec tout l'art voulu.
gages, tout le fret. Sur le parcours du Bient?t apparait ? la surface une lourde
Long Sault, elle a m?me construit un v?ri- pi?ce qui semblait offrir une r?sistance
table chemin de fer qui fonctionne par- passive. Savez-vous quel ?tait ce poisson ?
faitement. Chaque nappe d'eau est reli?e nous demanda Monseigneur, d'un ton fort
par un petit vapeur. I1 en r?sulte sans grave, presque solennel. Je vous le donne
doute de fr?quents transbordements, mais en dix, en cent, en mille.--Une tortue, dit
quelle am?lioration compar?e avec ce qui l'un.-Undor?,.ditl'autre.--Un maskinon-
existait les ann?es pass?es ! D'autres pro- g?, ajoute un troisi?me.-- Non, r?pond-il
gr?s suivront bient?t, de nature ? satis- invariablement, impassiblement. Qu'est-ce
faire de plus en plus le pulblic. que cela pouvait bien ?tre alors ? Vous
ne pourrez le deviner ...... une savate !
**? (rire g?n?ral.) Mais ce n'est pas tout, re-
prend l'archeveque. Je tends de nouveau
Nous avons din? aux Erables, ? la mai- Ina ligne au milieu des rires moqueurs de
son tenue par M. Beaudoin, ci-devant de ines compagnons, rires qui vont se r?per-
Hull. La pension y est excellente : on y cuter sur le rivage. Nouveau coup b ma
mange autant de lard et f?ves que le plus ligne. Cette fois, il in'y a pas ? se m?pren-
robuste estomac peut en contenir. Le dre, c'est quelque gros poisson qui va nme
lard, voil? la pi?ce de r?sistance de tout venger de cette malencontreuse savate.
ce pays. On n'y s'ert gu?re autre chose. Je tire, tire de nouveau, et savez-vous ce
Le boeuf frais, les volailles sont du luxe qui surgit ? travers les flots ? Vous ne
qu'on ne se permet qu'en rares occasions. sauriez le croire ...... Une seconde sa-
Canards et perdrix, et ils foisonnent, rate. C'est vous dire quela foule rit aux
sont r?serv?s B la table des chasseurs. ?clats.
En hiver, l'orignal tient lieu de baeuf, lUn sourire d'incr?dulit? erre sur
mais il n'y faut pas songer ? l'heure pr?- nos l?vres, mais Sa Grandeur ne veut pas